La capitale haïtienne a connu une nouvelle escalade dans la lutte contre les gangs qui paralysent son entrée sud. Des frappes de drones explosifs menées par la task force de la Police nationale, sous la supervision du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et du Conseil Présidentiel de Transition, ont visé mardi plusieurs bastions criminels à Martissant et Fontamara. L’opération, inscrite dans la vaste offensive lancée fin août, a coûté la vie à des dizaines de bandits armés qui y dictent leur loi.
Selon des informations concordantes recueillies sur le terrain, l’un des principaux coups portés a eu lieu à Fontamara 27, où un poste de péage clandestin, installé par des proches du chef de gang « Kris-la », a été frappé. Plusieurs individus qui rançonnaient les automobilistes et piétons ont été tués sur le coup.
Parallèlement, d’autres drones ont ciblé Martissant, territoire du gang « IzO 5 Secondes », dont les ambitions expansionnistes inquiètent depuis plusieurs mois. Si aucun bilan officiel n’a encore été publié par les autorités, les premiers éléments indiquent que l’opération a causé des pertes significatives dans les rangs criminels. Certaines sources évoquent également des victimes collatérales parmi des passants.
Une route vitale, paralysée depuis des années
La Route Nationale numéro 2 (RN2), artère qui traverse ces quartiers pour relier Port-au-Prince au sud du pays, est un symbole des difficultés sécuritaires d’Haïti. Depuis des années, des bandes armées y imposent leur domination par la terreur, accumulant vols, extorsions, viols et assassinats. Le contrôle de cet axe stratégique est devenu l’une des clés de la survie économique et sociale du pays.
La stratégie du gouvernement
Cette frappe s’inscrit dans une vaste opération anti-gangs lancée fin août par la task force spéciale opérant sous la supervision directe du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Depuis son arrivée à la Primature, ce dernier a fait de la reconquête des territoires perdus et du rétablissement de la sécurité une priorité nationale.
L’usage de drones armés, encore inédit à une telle échelle en Haïti, marque une évolution tactique importante. Il traduit une volonté de frapper vite et fort, tout en minimisant les risques pour les forces de l’ordre souvent dépassées en nombre et en armement par les gangs lourdement équipés.
Ces frappes ont suscité des réactions contrastées. D’un côté, de nombreux habitants expriment un soulagement, voyant dans ces opérations la preuve que l’État peut encore agir face à des groupes qui ont longtemps semé la peur dans l’impunité. De l’autre, la crainte demeure que les gangs, affaiblis mais non anéantis, ripostent avec une violence accrue.
Dans un pays épuisé par des années de violences, où la confiance entre la population et les institutions reste fragile, cette démonstration de force nourrit un espoir prudent : celui d’un début de reprise en main sécuritaire. Mais beaucoup rappellent que l’efficacité réelle de ces frappes dépendra de la capacité du gouvernement à maintenir la pression, sécuriser durablement les zones reprises et offrir des alternatives aux communautés abandonnées aux mains des gangs.
Alors que les regards se tournent vers les autorités pour connaître le bilan officiel de l’opération, une question persiste : s’agit-il d’un tournant décisif dans la guerre contre les gangs, ou seulement d’un épisode spectaculaire destiné à rassurer une population lassée des promesses sans suite ?
Pour l’heure, une chose est certaine : Martissant et Fontamara ont tremblé, et les gangs qui s’y croyaient invincibles ont encaissé l’un des coups les plus rudes de ces dernières années.
À l’issue de cette opération, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a réaffirmé sa détermination à rétablir la sécurité et a promis la réouverture d’un grand axe routier avant la rentrée scolaire prévue le 1er octobre prochain. Un signal fort envoyé à une population qui réclame depuis des années le droit fondamental de circuler librement dans son propre pays.