Selon des informations confirmées par un proche de la Primature, le gouvernement prépare une étape symbolique et stratégique : le retour de plusieurs institutions étatiques au bas de la ville de Port-au-Prince d’ici le mois de novembre. Cette décision, présentée comme une promesse forte de l’Exécutif, vise à redonner vie au centre névralgique de la capitale, longtemps déserté en raison de l’insécurité et des affrontements répétés avec les gangs armés.
Parmi les institutions concernées figurent des piliers essentiels de l’appareil d’État : la Primature elle-même, le Palais national, le ministère de l’Intérieur, le ministère du Commerce et de l’Industrie, le Tribunal de première instance, ainsi que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA). Le message est clair : l’État veut reprendre sa place dans ce territoire symbolique, cœur historique du pouvoir et de l’administration publique.

Un symbole fort de souveraineté
Le bas de la ville, autrefois vitrine politique et administrative du pays, s’était progressivement transformé en zone de non-droit, où gangs, barricades et affrontements armés avaient remplacé la vie institutionnelle. En annonçant le retour imminent de ces grandes instances, la Primature entend envoyer un signal politique fort : l’État ne pliera pas devant la violence et compte réaffirmer son autorité là où elle avait été fragilisée.
Un proche collaborateur du chef du gouvernement confie : « Ce retour est plus qu’une réinstallation physique. C’est une reconquête symbolique qui vise à montrer aux citoyens que l’État reste présent et déterminé à reprendre le contrôle de son territoire. »

Intensification des frappes de drones
Depuis mardi 2 septembre jusqu’à ce week-end, le task force spécial appuyé par la PNH a multiplié les frappes de drones kamikazes sur plusieurs bastions de gangs, notamment au Village-de-Dieu, à Grand-Ravine et à Fort National. Selon des sources sécuritaires, plusieurs centaines de bandits auraient péri sous l’intensité de ces frappes. Dans les zones de l’avenue Christophe, de la rue Capois et de la ruelle Chavannes, plusieurs corps de bandits jonchent encore les rues, signe de l’ampleur des pertes infligées.
À rappeler que depuis plusieurs mois, aucune nouvelle du chef de gang Izo n’a circulé : plus de vidéos exhibant ses forces sur les réseaux sociaux, ce qui laisse croire qu’il aurait lui-même trouvé la mort lors de ces attaques aériennes.
Une offensive combinée : drones et PNH au sol
Pendant que les drones kamikazes frappent du ciel les bastions armés, les unités spécialisées de la Police nationale progressent pied à terre dans les quartiers ciblés afin de neutraliser les individus qui ont échappé aux frappes. Cette stratégie combinée vise à achever le travail entamé par les drones et à sécuriser durablement les zones reprises.
Cependant, la tâche ne s’annonce pas simple. Des sources proches des forces de l’ordre évoquent déjà un plan sécuritaire de grande envergure, mobilisant la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS). Des opérations de nettoyage et de sécurisation progressives devraient être menées dans les zones stratégiques entourant le Champ-de-Mars, l’avenue John Brown et les axes reliant le centre-ville aux quartiers environnants.
L’objectif affiché est d’assurer la sécurité du personnel administratif et des usagers avant toute réouverture officielle. Des bâtiments abandonnés ou vandalisés nécessiteront également des travaux de réhabilitation pour pouvoir accueillir à nouveau les institutions.
Un pari risqué mais nécessaire
Si cette annonce est saluée comme un acte de courage, certains observateurs restent prudents. Plusieurs analystes rappellent que le retour de l’État dans des zones sous tension exige des moyens colossaux, tant sur le plan sécuritaire que logistique. D’autres craignent que la précipitation n’expose les fonctionnaires et les citoyens à de nouveaux risques si la sécurisation n’est pas totale.
Malgré ces réserves, la Primature insiste sur le caractère irréversible de la décision. « Nous sommes conscients des défis, mais nous devons avancer. Le bas de la ville ne peut rester éternellement abandonné », a déclaré une source gouvernementale.
Une promesse d’ici novembre
La date butoir de novembre n’a pas été choisie au hasard. Elle correspond à un calendrier politique précis, puisque l’Exécutif souhaite afficher des résultats concrets avant la rentrée scolaire prévue pour le 1er octobre et avant la fin de l’année fiscale. Pour le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le Conseil présidentiel de transition, réussir ce pari renforcerait considérablement la crédibilité de la Transition.
D’ici là, la population reste attentive. Les habitants de la capitale, qui aspirent à un retour à la normale, attendent de voir si cette promesse sera tenue. Une certitude demeure : le retour annoncé de la Primature et d’autres institutions au bas de la ville est déjà perçu comme un tournant dans la bataille pour la reconquête des territoires perdus par l’État haïtien.