À l’occasion de la commémoration du 221e anniversaire du drapeau haïtien, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est rendu dans le département du Nord pour une visite officielle alliant devoir mémoriel, rencontres citoyennes et relance du dialogue politique. Cette visite de quatre jours, du 16 au 19 mai 2025, s’est inscrite dans un contexte national où les défis de la sécurité, de la transition démocratique et du développement local s’imposent avec une urgence particulière.
Une commémoration hautement symbolique
Le 18 mai est une date sacrée dans la mémoire collective haïtienne. Elle évoque l’unité des pères fondateurs à l’Arcahaie en 1803 et symbolise depuis le courage, la résilience et l’aspiration à la liberté d’un peuple. En cette période trouble, marquée par des crises à la fois politiques, sociales et sécuritaires, cette commémoration a pris une dimension particulière. Pour le Premier ministre, ce 18 mai 2025 n’était pas qu’un événement cérémonial : il a été l’occasion de réaffirmer l’engagement de son gouvernement à refonder le pacte républicain et à replacer le citoyen au centre de l’action publique.
Le cap est mis sur les élections, le référendum constitutionnel et le rétablissement de la sécurité. Chaque acteur – qu’il soit de la société civile, des collectivités territoriales ou de l’administration publique – doit jouer pleinement son rôle », a déclaré le chef du gouvernement lors de son discours à la place d’Armes de Cap-Haïtien.
Au-delà des festivités, la visite a été structurée autour d’un agenda dense de consultations et de rencontres avec les forces vives de la région. L’objectif, selon la note conceptuelle du déplacement, était clair : renforcer la cohésion nationale, restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, et créer les conditions favorables à une sortie durable de crise.
Le Premier ministre a ainsi rencontré :
Les jeunes du département, dans des forums organisés à l’Université Publique du Nord et dans plusieurs lycées. Ces échanges ont été l’occasion d’écouter leurs aspirations et de les sensibiliser à leur rôle dans la refondation démocratique du pays.
« Je veux que chaque jeune comprenne qu’il est une partie de la solution », a-t-il martelé.
Les femmes, à travers une table ronde à la Délégation Départementale du Nord, ont partagé leurs préoccupations liées à l’insécurité, aux inégalités et à leur faible représentation dans les sphères décisionnelles. Le Premier ministre a salué « leur rôle central dans la cohésion sociale » et a promis des politiques publiques plus inclusives.
Les autorités locales, notamment les maires, délégués et CASEC, ont exprimé leurs besoins en matière de sécurité, d’infrastructures et de ressources humaines. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité d’un « partenariat plus étroit entre l’État central et les collectivités territoriales » pour garantir l’efficacité des politiques publiques.
Le secteur privé, acteur essentiel du redressement économique, a été convié à une réunion stratégique avec la Chambre de commerce du Nord. Des discussions ont porté sur l’investissement, la fiscalité, l’employabilité des jeunes, et les mesures pour sécuriser les activités commerciales dans un environnement souvent hostile.
Les éducateurs et professeurs, dont le rôle dans la formation citoyenne a été valorisé par le chef du gouvernement, ont reçu la promesse d’un appui renforcé en équipements et en programmes de formation continue.
Un discours de responsabilité et de mobilisation
Le message central du Premier ministre a été cohérent et constant tout au long de son déplacement : le pays ne peut être redressé que par la participation active de tous les secteurs. Il a appelé à un sursaut collectif pour restaurer l’ordre républicain, affirmant que
« c’est ensemble que nous devons reconstruire notre démocratie, restaurer la confiance, et refonder la République ».
Dans toutes ses interventions, le chef du gouvernement a martelé que trois grandes priorités guidaient l’action de l’exécutif : l’organisation des élections, le référendum constitutionnel, et le rétablissement durable de la sécurité. Ces objectifs, selon lui, sont interconnectés :
« Sans sécurité, pas d’élections crédibles ; sans une Constitution modernisée, pas de gouvernance efficace ; sans institutions légitimes, pas de développement possible. »
Des attentes fortes et des signaux encourageants
Ce déplacement dans le Nord n’était pas un simple acte de communication gouvernementale. Il visait aussi à prendre le pouls du pays profond et à tisser un lien direct avec les citoyens. De nombreux participants ont salué cette approche de proximité et de dialogue.
Pour Mireille Charles, représentante d’une organisation féminine à Limonade : « C’est la première fois depuis longtemps qu’un Premier ministre vient nous écouter réellement. Nous espérons que ce ne sont pas que des mots. » Même son de cloche chez Ronald Pierre, enseignant à Quartier Morin : « Nous voulons croire que cette fois-ci, les choses vont bouger. »
Le gouvernement espère, à travers cette tournée, créer un climat de confiance propice à la tenue des prochaines élections, et relancer un dialogue franc et constructif avec les régions.
L’impact sur la dynamique nationale
L’impact immédiat de cette visite est avant tout symbolique : elle a permis de réaffirmer que l’État ne se limite pas à Port-au-Prince. Elle a également démontré que le Premier ministre était disposé à se confronter aux réalités locales, à écouter, et à agir.
Sur le plan politique, elle pourrait marquer un tournant dans la transition en cours. En mettant en avant les élections, la Constitution et la sécurité comme socles d’un nouveau contrat social, le gouvernement propose une feuille de route claire à la population.
Enfin, elle envoie un message d’espoir dans un pays qui en manque cruellement. Le peuple haïtien, éreinté par les crises à répétition, cherche des repères et des signes de redressement. Cette tournée aura permis, ne serait-ce qu’un instant, de raviver cette flamme d’espérance.
Alors que les défis restent immenses, le déplacement du Premier ministre dans le département du Nord aura été un moment fort de la dynamique gouvernementale actuelle. Il aura permis de mobiliser, d’écouter, de dialoguer, mais surtout de rappeler que l’avenir d’Haïti repose sur la volonté collective.
Loin des discours creux, cette visite s’est inscrite dans une logique de construction. Elle aura tracé les lignes d’un engagement ferme en faveur de la démocratie, de la décentralisation et du développement inclusif.
À l’heure où la nation cherche à se réinventer, cette démarche pourrait marquer le début d’un nouveau chapitre. Encore faudra-t-il que les engagements pris sur le terrain soient suivis d’actes concrets, afin que l’espérance semée dans le Nord germe dans toute la République.