Dans un tournant potentiellement historique pour la République d’Haïti, le comité de pilotage a officiellement remis au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), ce mercredi, un avant-projet de constitution qui pourrait profondément modifier l’organisation politique et institutionnelle du pays. Selon les informations obtenues par notre rédaction, ce texte donne une place centrale à la jeunesse, aux femmes, et à la diaspora haïtienne, longtemps marginalisée dans les processus électoraux nationaux.
Un parlement rajeuni et remodelé
L’avant-projet revoit à la baisse l’âge minimum requis pour accéder à certaines fonctions parlementaires. Désormais, un citoyen pourra se porter candidat à la députation dès l’âge de 21 ans, contre 25 ans dans la constitution actuelle. Le territoire national sera découpé en circonscriptions électorales correspondant aux arrondissements, chacune élisant un député. Toutefois, une loi ultérieure précisera le nombre de députés dans les grandes agglomérations, afin d’assurer une représentation équitable des zones densément peuplées.
Quant au Sénat, il subit également une refonte majeure : chaque département élira deux sénateurs, contre trois auparavant, et l’âge minimum requis pour y siéger sera de 25 ans.
“Ce changement ouvre davantage le jeu démocratique aux jeunes générations”, explique un membre du comité, sous couvert d’anonymat.
L’introduction d’un gouverneur par département
Autre innovation majeure : la création du poste de gouverneur départemental, qui sera élu au suffrage universel. Cette fonction, inexistante dans les textes précédents, ambitionne de renforcer la gouvernance territoriale. Pour prétendre à ce poste, il faudra être âgé de 25 ans au minimum. Le mandat n’est soumis à aucune limite de rééligibilité, un choix qui risque d’alimenter les débats.
“Le gouverneur sera une figure centrale de la décentralisation et un acteur-clé du développement local”, a déclaré un membre du comité de rédaction du texte.
Un quota de 40% pour les femmes
Soucieuse de corriger les déséquilibres historiques, la nouvelle mouture constitutionnelle prévoit un quota de 40% de représentation féminine dans les services publics. Cette disposition s’aligne sur les recommandations des organisations de défense des droits des femmes, qui réclamaient depuis des années une participation accrue aux postes de décision.
“Ce quota constitue un minimum pour assurer une égalité réelle entre les sexes dans la vie publique”, soutient une militante féministe jointe par notre rédaction.
La diaspora enfin représentée
Dans une avancée très attendue, les Haïtiens vivant à l’étranger auront désormais leurs propres représentants au Parlement. L’avant-projet prévoit deux sénateurs issus de la diaspora, et une législation spécifique viendra préciser le nombre de députés, les circonscriptions électorales, et les modalités de participation aux élections. Cette inclusion marque une reconnaissance officielle de la contribution majeure de la diaspora au développement national, notamment à travers les transferts de fonds et l’expertise.
“C’est une victoire symbolique et concrète pour des millions de compatriotes qui, malgré la distance, sont restés profondément attachés à leur pays d’origine”, témoigne un leader communautaire haïtien vivant à New York.
Une Constitution tournée vers la jeunesse et l’avenir
En somme, l’avant-projet de constitution remis au CPT trace les contours d’un nouvel équilibre politique, qui mise sur le renouvellement générationnel, l’équité de genre, la décentralisation, et l’inclusion transnationale. Il reste désormais à savoir si ce texte, encore sujet à débats et ajustements, pourra franchir toutes les étapes pour être adopté par référendum.
“L’histoire retiendra que c’est une proposition audacieuse, mais nécessaire, pour sortir Haïti du cycle d’instabilité”, conclut un constitutionnaliste interrogé par La Primeur”.